mardi 26 avril 2016

Bilan semaine 40

Il y a deux semaines, j'ai passé un entretien téléphonique pour un groupe de charter schools auquel j'avais postulé pour un poste de professeur de Français il y a un bout de temps.
Je ne peux pas dire que ça s'était extrêmement bien passé, surtout quand elle a commencé à me demander quels philosophes ont le plus influencés mon approche de la pédagogie. A la fin de l'appel elle m'explique qu'elle va transmettre ses notes aux différents proviseurs du groupe; je n'entretenais pas beaucoup d'espoir.
Malgré tout, je reçois le jeudi même une demande de rendez-vous. On perd pas de temps, j'y vais dés le lendemain après-midi et cette fois ci, je déchire tout. J'aurais écrit le scénario, je n'aurai pas pu faire mieux: à la question quelle oeuvre je voudrais absolument inclure dans le cursus, je réponds Cyrano de Bergerac, je me rends compte que j'ai fait mouche: la recruteuse m'explique que Cyrano était son sujet de mémoire... Bingo.
On fait le tour du campus: les salles de cours sont relativement petites, mais ils n'ont que vingt élèves par classes. Les bâtiments sont tout neufs, l'école a ouvert ses portes seulement cette année avec trois niveaux (6th, 7th et 8th grade; 6ème, 5ème et 4ème) et ils vont ajouter un niveau tous les ans à venir jusqu'au 12th grade (Terminale). A la rentrée prochaine, le nouveau 9th grade sera la première classe à faire des langues étrangères (Allemand, Espagnol ou Français).

Je rentre à la maison assez content de moi et je me prépare à passer un petit weekend pépère quand le proviseur me rappelle: est-ce que je peux revenir dés le lundi pour faire une démonstration de cours: un sujet d'histoire (la guerre des Gaules) et un sujet de Français (Le Petit Prince) (dans une autre école du groupe où les élèves ont déjà des cours de Français).
Je prévois donc de poser une journée de congés pour le lundi et adieu mon weekend pépère: le samedi matin je fonce à Barnes & Noble où il leur reste par miracle un exemplaire du Petit Prince en Français. Merci Saint-Exupéry d'avoir écrit un classique qui se lit en une heure! Le samedi est consacré au Petit Prince, le dimanche à Jules César; lundi matin je pars plutôt confiant.

Le cours d'Histoire se passe super bien, les mômes sont assez sympathiques et le niveau plus élevé que je ne pensais. Au débriefing, tout le monde à l'air satisfait (surtout qu'en l'absence de carte dans la salle, j'ai tracé une carte d'Europe à la main au tableau: ça les a bluffés. C'est bon d'être géographe).
Pause déjeuner avec le proviseur qui me rassure sur une de mes inquiétudes: avec une seule classe de Français, combien d'heures ils peuvent me proposer. L'offre sera donc la suivante: trois classes d'Histoires sur les premières civilisations et l'Antiquité (d'où la démo d'histoire et son sujet) et une classe de Français pour la rentrée prochaine; par la suite, une classe de Français en plus et une d'Histoire en moins tous les ans pour ne plus avoir que quatre classes de Français (du 9th grade au 12th grade). Ce qui veut dire aussi qu'à cette rentrée je vais en chier à préparer deux cours, un d'Histoire et un de Français (même si je peux tricher et récupérer les notes du prof d'Histoire qui a déjà donné ce cours cette année), mais que par la suite, j'ai seulement un cours de Français à faire par an. Et cerise sur le gâteau, c'est moi qui décide du programme! (et oui, j’inclurai Cyrano).
La démonstration de Français dans l'autre établissement est une autre affaire: je tombe sur un mur, impossible d'en tirer quoi que se soit. Je m'inquiète de savoir si je parle trop vite ou si c'est mon accent (leur prof habituelle est américaine), malgré tout je ne me décourage pas et je ne lâche pas le Français, hors de question de passer à l'Anglais. A la fin, vu le vent que je suis en train de me prendre, j'en rigole. Je laisse tomber le pauvre Petit Prince et je pars sur du basique de chez basique: "Quel est ton nom?", "Tu as quel âge?"... Le but est d'éviter, pour eux comme pour moi, de terminer la séance sur un échec complet.
Au niveau de la démo, c'est malgré tout un succès: j'ai montré que je savais m'adapter à une classe récalcitrante et surtout que je ne perdais pas mon sens de l'humour. Je dois attendre une semaine ou deux pour avoir des nouvelles.

Je rentre un peu épuisé (j'avais oublié combien les mômes foutent les jetons), d'où l'absence d'article la semaine dernière.
Je n'attends pas bien longtemps, mercredi tombe la proposition d'embauche que je m'en vais signer à l'école le jour même.
Je dois évidemment encore remplir un tas de paperasses et passer la vérification de mes antécédents, mais je suis donc un futur enseignant de Français d'une Preparatory Academy. Tadaaa!


Arizona Bart will finally do want he meant to do.

5 commentaires:

  1. Well done, johnny boy
    Nico

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  2. Dommage que Bernie Sanders ne soit pas tout jeune, tu aurais pu lui former des générations de soutien...
    Dingue, une partie que tu as gagnée, ça faisait super longtemps !

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  3. Mais bon, tu le dis bien dans ton texte, c'était un jeu de chance...

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  4. Je viens de lire ton post er je m empressé de venir ici te féliciter monsieur le prof de français......les jeunes vont avoir bien de la chance de t avoir!!!! J ai envie de dire:kiffe et tu les feras kiffer ahahahah..

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  5. Congrats camarade !
    David

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